Dans un futur proche bouleversé par le dépassement des limites planétaires (changement climatique, effondrement de la biodiversité, etc.), incertain et contraint (pétrole, minerais critiques, eau, denrées alimentaires, etc.), on se demande alors comment faire face à la multiplication, la diversité et l’apparition progressive ou soudaine de perturbations graves de plus en plus plausibles ? C’est là qu’intervient la résilience des territoires.
Table des matières
- Définition résilience des territoires
- Quels sont les piliers de la résilience des territoires ?
- Pourquoi construire des territoires résilients ?
- En quoi consiste l’approche de résilience des territoires ?
- Quels sont les acteurs de la résilience des territoires ?
- Outils pour penser et mesurer la résilience des territoires
- Bibliographie
Définition résilience des territoires
Un territoire résilient peut être défini comme ayant la capacité à :
- anticiper tout type de perturbation ;
- agir pour en atténuer les effets ou en éviter l’apparition ;
- rebondir, récupérer ;
- s’adapter et se transformer.
Les choix doivent idéalement être collectifs et s’inscrire dans des trajectoires de transition écologique qui garantissent les besoins essentiels et le non-dépassement des limites planétaires.
Quels sont les piliers de la résilience des territoires ?
La résilience territoriale permet aux collectivités, entreprises, associations, citoyens, etc.
1. Anticipation
D’anticiper autant que possible, via la compréhension, la veille et la prospective, la multiplication, la diversité et l’apparition progressive ou soudaine de ces dernières (changement climatique, effondrement de la biodiversité, dérèglement des cycles de l’azote et du phosphore, conflits géopolitiques, etc.)
« La résilience territoriale a pour premier objectif d’assurer localement les besoins essentiels des habitants quels que soient les aléas à venir, environnementaux, sociaux, économiques, géopolitiques ou encore sanitaires… » Sébastien Maire.
2. Atténuation
Via le diagnostic, la préparation, la régulation et la gestion de crise, d’en atténuer, absorber ou éviter les effets (explosion des prix des matières premières et des produits alimentaires, pénuries, blackout, etc.) en conciliant des échelles de temps très différentes.
« La résilience d’un territoire va impacter les territoires environnants, et pour qu’un territoire soit résilient, celui-ci a besoin de s’appuyer sur les territoires qui l’environnent, donc la résilience ne peut pas se construire seul. » Magali Reghezza-Zitt.
3. Adaptation/Rebond
De se relever et de rebondir progressivement grâce à l’apprentissage collectif et individuel à travers les retours d’expériences des perturbations successives, l’adaptation, le discernement technologique, et l’innovation (majoritairement low-tech).
« L’innovation ne doit pas être uniquement technologique, elle est aussi sociale, organisationnelle, institutionnelle, culturelle, citoyenne… Surtout, toute solution technologique comporte sa part d’impact environnemental. » Philippe Bihouix.
4. Transformation
D’évoluer vers un nouvel état en « équilibre dynamique » préservant ses fonctionnalités en s’inscrivant dans des trajectoires de redirection écologique qui garantissent les besoins essentiels et le respect des limites planétaires. Cet état devrait être décidé et construit collectivement.
« En prévision des points de bascule, tisser un réseau solidaire de territoires résilients, tel un filet de sécurité pour tous. » Arthur Keller.
Pourquoi construire des territoires résilients ?
La résilience territoriale est une notion riche qui vient questionner le fonctionnement actuel de nos sociétés au regard des enjeux à venir. Ce questionnement du statu quo peut se justifier par une série de constats :
Constat n°1 : les crises vont aller en s’accélérant et en se diversifiant au cours du XXIème siècle.
Elles seront causées et aggravées par le changement climatique et les dégradations environnementales, par des perturbations de plus en plus fréquentes de l’économie mondialisée et globalisée et par un certain nombre de facteurs difficiles à anticiper (apparition de nouveaux agents pathogènes, point de bascule climatique, conflits, mouvements migratoires, attaques cyber…).
Se référer à la section Comprendre pour approfondir le constat et comprendre les menaces en réponse desquels la résilience territoriale est pensée.
Constat n°2: les pratiques actuelles de gestion des risques ne suffisent plus à nous protéger des menaces.
Les menaces ne sont plus seulement ponctuelles (ex : catastrophe passagère) mais peuvent être progressives et irréversibles (ex : baisse d’approvisionnement en pétrole, montée des eaux, aggravation de tous les aléas naturels), ce qui remet en cause la pertinence de l’approche purement réactive qui vise à revenir aussi vite que possible à l’état initial. Les risques et enjeux sont très liés entre eux. L’approche sectorielle qui vise à traiter chaque risque et chaque enjeu indépendamment peut mener à des contradictions stratégiques majeures.
Constat n°3: les tentatives de transition systémique entreprises jusqu’à maintenant font face à de nombreux freins.
- Manque d’anticipation des enjeux à venir et insuffisante perception de leur ampleur par les élus et les citoyens.
- Meilleure reconnaissance par les citoyens de l’approche réactive court-terme (où les pouvoirs publics jouent le rôle des “sauveteurs”) par rapport aux politiques de prévention plus diffuses.
- Manque de budget et de compétences techniques des collectivités.
- Difficulté à faire évoluer les pratiques, peu d’acceptation sociale des changements systémiques entrepris.
Se référer à la partie Agir.
En quoi consiste l’approche de résilience des territoires ?
La résilience territoriale est une approche intégrée qui vise à répondre aux problématiques décrites ci-dessus…
- En essayant d’adresser les différents enjeux et risques (environnementaux, sociaux, démocratiques, …) simultanément plutôt que séparément et en considérant leurs interrelations, c’est-à-dire en adoptant une approche systémique.
- En posant le respect de l’environnement et la réponse aux besoins essentiels comme une priorité.
- En mobilisant toutes les mesures judicieuses, qu’elles soient structurelles ou organisationnelles, et en questionnant en profondeur nos façons de faire.
- En mobilisant tous les acteurs pertinents (associations, citoyens, autres territoires, acteurs économiques et sociaux, …) et en faisant appel à toutes les ressources et atouts disponibles sur les territoires.
- En capitalisant sur l’existant (pratiques traditionnelles et expérimentations).
- En ayant une approche lucide et en anticipant les freins potentiels (priorisation face à la problématique financière, implication des citoyens face aux problématiques d’acceptabilité, etc.).
Ce que n’est pas la résilience des territoires selon nous…
- La résilience ne doit pas être une injonction visant l’individu, lui demandant de s’adapter à un système défaillant et à accepter passivement le caractère insatisfaisant de la situation, en se protégeant des autres. La résilience individuelle ne peut être pensée qu’au sein d’une vision collective : qui soit juste et pérenne pour tous.
- La résilience ne doit pas être un moyen de maintenir un statu quo inégalitaire et défaillant, elle doit être pensée à long-terme pour que les mesures contribuent à la pérennité de la société et non pas au maintien court-terme des intérêts d’un petit nombre, ou de celle, court-terme aussi, d’un système qui nous mène à notre perte.
La résilience peut être pensée à de multiples échelles : de celle de l’individu à celle de la nation, voire à l’humanité tout entière, en passant par les quartiers, communes, régions… La résilience d’une échelle dépend en général de la résilience des échelles adjacentes, supérieures et inférieures, à la fois administratives et “naturelles”. Similairement, la résilience globale peut être pensée comme le produit d’un entrelacs de systèmes résilients interdépendants : alimentation, mobilité, habitat, santé, éducation, ressources… chacun pensé pour contribuer à l’équilibre général du système sociétal.
L’objectif d’une démarche ou d’un projet de résilience territoriale est de contribuer à l’évolution du territoire dans le sens de la résilience territoriale, en menant à des évolutions stratégiques et/ou des mesures concrètes.
Quels sont les acteurs de la résilience des territoires ?
L’élu
Des élus issus de territoires de différentes échelles : des n°1 de l’exécutif, des adjoints, des vice-présidents ou des conseillers délégués.
L’agent territorial
Les agents représentent les diverses échelles d’intervention des collectivités territoriales et des structures associées : commune, EPCI de la communauté de commune à la Métropole, Département, PETR…
L’acteur socio-économique
Des représentants de structures de terrain sur toutes les thématiques de la transition (alimentation, mobilité, énergies, santé…), constitués en collectifs informels, en associations, en sociétés coopératives… .
L’agent de l’État territorial
Les services des directions départementale des territoires et de la mer (DDTM) et directions départementale des territoires (DDT), représentants des préfectures, d’autres ministères (agriculture par exemple) et des opérateurs de l’État (ADEME…).
Outils pour penser et mesurer la résilience des territoires
Penser la résilience territoriale
La meilleure manière de savoir comment contribuer à la résilience territoriale est de mobiliser une ou plusieurs grilles de lectures dédiées ou pouvant y contribuer.
Mesurer la résilience territoriale
Pour préparer une démarche à l’échelle du territoire, il est bon d’effectuer un diagnostic afin de connaître les atouts et les menaces pour la résilience : de nombreux outils et modalités peuvent être mobilisés.
Référez-vous au reste de la section Résilience pour découvrir les diverses manières d’opérationnaliser la définition ci-dessus, ainsi qu’aux autres sections de ce site.
Qui a contribué à cette page ? Émilien Bournigal, Erwan Gardies, Jérôme François, Loïc Marcé.