Changement d’usage des sols

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Le changement d’usage des sols désigne principalement, à l’échelle planétaire, à l’intensification et à l’extension de surfaces agricoles qui conduisent au déboisement de vastes surfaces forestières. Le changement d’usage des sols est une des 9 limites planétaires du cadre proposé en 2009 par le Stockholm Resilience Centre (SRC), révisé en 2015 (Steffen et al.) puis en septembre 2023 (Richardson et al.), visant à définir un « espace de fonctionnement sûr pour l’humanité » qui repose sur l’évolution de neuf phénomènes complexes et interconnectés.

Table des matières

Introduction

Au fil du temps, les activités humaines telles que l’agriculture, la construction de logements, l’urbanisation, l’artificialisation et l’industrie ont considérablement modifié l’usage et l’état des sols, entraînant des répercussions significatives sur l’environnement à l’échelle mondiale (MTECT, 2023).

À l’échelle mondiale, l’évaluation du changement d’usage des sols repose sur la comparaison entre la surface forestière actuelle et celle d’avant 1700 (CGDD, 2023). Afin de maintenir l’équilibre planétaire, il est impératif de préserver au moins 75 % de la superficie forestière d’origine et de ne pas descendre en dessous du seuil critique de 54 %, établi en prenant en compte la moyenne des écosystèmes forestiers tropicaux, tempérés et boréaux (CGDD, 2023). Actuellement, seules 62 % des zones forestières existantes avant 1700 conservent encore leur couvert boisé, la limite inférieure de la zone d’incertitude (75 %) a été dépassée, cependant, la limite planétaire (54 %) n’a pas été atteinte. (MTECT, 2023). Il est alarmant de constater que la déforestation à l’échelle mondiale approche dangereusement de la limite supérieure fixée. Dans les zones tempérées, la moitié de la superficie forestière initiale avant 1700 est préservée, atteignant ainsi la limite inférieure de la zone d’incertitude, située entre 50 et 30 % (MTECT, 2023).

Entre 2010 et 2020, la France a observé une augmentation de sa surface forestière, passant de 16,2 millions d’hectares (Mha) à 17 Mha (CGDD, 2023). Malgré cette croissance nationale, la France exerce une pression significative sur la ressource foncière à l’étranger grâce à ses importations de matières premières. Pour remédier à cette situation, le pays a mis en place une stratégie visant à lutter contre la déforestation importée. De plus, la France a intégré l’objectif de parvenir à une artificialisation nette nulle d’ici 2050 dans la loi climat et résilience du 22 août 2021 (CGDD, 2023).

Causes du changement d’usage des solds

Les changements d’utilisation des sols à l’échelle planétaire sont principalement dus à l’intensification et à l’extension de surfaces agricoles qui conduisent au déboisement de vastes surfaces forestières (CGDD, 2019). Au cours des cinquante dernières années, la conversion de milieux naturels et semi-naturels tels que les forêts, les prairies et autres écosystèmes en terres agricoles a connu une augmentation moyenne de 0,8 % par an (Rockström et al. en 2009).

Bien que la surface forestière en France ait une tendance à l’augmentation, nos habitudes de consommation, notamment en matière de soja, de cacao, d’huile de palme, etc., contribuent à la déforestation dans les forêts tropicales. Chaque année, on estime que entre 12 et 14,8 millions d’hectares de terres agricoles et forestières sont mobilisés en dehors de nos frontières (l’« empreinte terre ») pour la production de biens consommés en France (MTECT, 2023). L’impact de cette déforestation associée, appelée “empreinte forêt”, est évalué entre 26 300 et 64 400 hectares (MTECT, 2023). Dans le cas où l’empreinte forêt de chaque individu correspondrait à celle d’un Français, le dépassement du seuil supérieur de la limite, fixé à 40 % de la superficie originelle des forêts tropicales et boréales détruites, surviendrait dans environ soixante années (MTECT, 2023).

En France, la stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée, élaborée en 2018, a pour objectif d’éliminer d’ici 2030 l’importation de produits forestiers ou agricoles non durables qui contribuent à la déforestation. À l’échelle européenne, le règlement adopté en 2023 concernant la déforestation et la dégradation des forêts vise à interdire la mise sur le marché européen ainsi que l’exportation à partir de celui-ci de matières premières et de produits ayant causé de la déforestation ou de la dégradation des forêts.

Conséquences du changement d’usage des solds

Selon l’évaluation globale de l’IPBES de 2019, les changements d’utilisation des sols et les dégradations qui en découlent figurent parmi les principales pressions exercées sur la biodiversité terrestre et sur l’ensemble des services écosystémiques. Bien que le défrichement des forêts au profit de l’agriculture ait entraîné une augmentation de la production alimentaire destinée à la consommation humaine ou animale, ainsi que d’autres biens matériels essentiels pour les populations, tels que les fibres naturelles, il a simultanément entraîné un recul des contributions telles que la pollinisation, la régulation du climat, la régulation de la qualité de l’eau, et les opportunités d’apprentissage et d’inspiration (MTECT, 2023).

Les conséquences environnementales des changements d’utilisation des sols sont substantielles, engendrant des impacts tels que la perte de biodiversité et de services écosystémiques, l’érosion des sols, le risque d’inondations et de coulées d’eau boueuse, l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que le déstockage de carbone (CGDD, 2019).

Changement d’usage des sols et connexions avec les autres limites planétaires

Changement d’usage des sols et connexions avec le changement climatique

  • Le changement d’utilisation des terres peut détruire les puits de carbone naturels, qui sont importants pour atténuer le changement climatique (KCVS, 2020).
  • Le défrichage des terres par le feu libère du dioxyde de carbone (KCVS, 2020).
  • Le changement climatique pourrait diminuer la productivité des terres agricoles, ce qui pourrait entraîner le besoin de défricher davantage de terres pour compenser (KCVS, 2020).

Changement d’usage des sols et connexions avec l’acidification des océans

  • Le changement d’utilisation des terres libère du dioxyde de carbone, ce qui a un impact sur l’acidification des océans (KCVS, 2020).

Changement d’usage des sols et connexions avec la perturbation des cycles biogéochimiques

  • Une productivité accrue des terres agricoles grâce à l’utilisation d’engrais diminue la quantité de terre nécessaire pour la production agricole (KCVS, 2020).
  • L’augmentation des terres agricoles nécessite souvent davantage d’apports en nutriments, perturbant les flux biogéochimiques (KCVS, 2020).

Changement d’usage des sols et connexions avec le cycle de l’eau douce

  • L’évapotranspiration contribue au cycle de l’eau. Si l’évapotranspiration est perturbée par un changement d’utilisation des terres, le cycle de l’eau peut être affecté (KCVS, 2020).
  • Une augmentation des terres agricoles nécessite généralement plus d’eau douce (KCVS, 2020).

Changement d’usage des sols et connexions avec l’intégrité de la biosphère

  • Le changement d’utilisation des terres d’un écosystème diversifié vers l’agriculture ou un système moins productif diminue l’intégrité de la biosphère (KCVS, 2020).

Bibliographie

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